La dernière escale du voyage inaugural de l’avion sans aile nous amène à la maison de quartier. C’est ici que, tous les jeudis soir, les équipes de la Nizanerie et de l’association Ecos déploient leur Micromarché. Ce jour-là, une vingtaine de personnes est attendue pour venir chercher leur panier de produits locaux et de saisons. Dans ce commerce éphémère, l’activité et l’animation du quartier ont été au centre des échanges.
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Les arrivées s’étalent régulièrement tout au long de la permanence. Ce qui nous laisse le temps d’approfondir nos échanges avec chacun. Pour les équipes d’Ecos qui ont accompagné l’ouverture prochaine d’un bar associatif rue Grande Biesse « il faut garder l’esprit village pour éviter l’esprit « bling bling » du reste de l’ile. Il faut se battre pour garder les petits commerces. Nous ouvrons le Grand Barge, pour être en lien avec Biesse, qui en patois veut dire ‘folle’. On ne voulait pas un nom avec ‘Bio’ dedans. C’est l’esprit ‘troquet » de quartier qu’il faut valoriser pour créer du lien social, de la rencontre.». On retrouve le même engagement chez cette commerçante de la rue Grande Biesse qui se définit plus comme artisan que comme commerçant : « L’artisan est autonome et possède son outil de travail alors que le commerçant est là pour faire du fric. Je vis dans mon quartier, je travaille dans mon quartier. Le commerçant lui, il n’est que de passage. C’est juste un tiroir caisse. C’est pas la philosophie du quartier !».
A ce titre, nous croisons également un couple d’artisans plombiers installés dans le quartier. Signe particulier : plombier ambulant ! Pierre Olivier, le gérant de ZePlombier, circule uniquement à tricycle pour dépanner ses clients en centre ville : plus pratique, plus rapide, plus économique, plus malin ! Spontanément, une discussion s’engage : quelle place pour les artisans, comment les aider à bouger autrement pour réduire leur empreinte carbone… Ce sujet le passionne comme en témoigne son engagement associatif : « Je viens d’être élu président de La Boite à Vélo, le collectif vélo porteur pour ceux qui entreprennent à vélo. Un de nos problèmes, c’est de trouver des garages en centre-ville pour stocker nos vélos ». Nous nous quitterons sur une promesse : se retrouver au garage « Wattignies Social Club » pour prolonger la discussion.
La communauté qui fréquente ce Micromarché partage un même point de vue : un fort attachement à l’aspect populaire et mixte du quartier. Pour faire vivre cette spécificité, beaucoup reviennent sur la nécessité de créer des lieux ou des moments de rencontres et de partage. « Je sortais au ‘carafé’ avant qu’il ne soit fermé, il y a 2 ans (rue Grande Biesse). C’était un bar à vin bio. C’était chouette, les apéros-concerts ramenaient du monde que ce soit avec des artistes locaux ou non. Il y avait de la vie le samedi soir, les commerces environnant bénéficiaient de ce succès. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’ils ont perdu en attractivité après sa fermeture. »
Au fil des rencontres, nos échanges se cristallisent sur la question du lien social : Comment, dès lors, aménager le quartier pour qu’il puisse retrouver son « âme » de faubourg, facteur d’ambiance populaire et de liens sociaux vivifiants ?